Il était une fois une princesse qui se demandait parfois si elle en était vraiment une car il lui arrivait de se sentir prisonnière entre les quatre murs desquels elle vivait, avec son père devant gérer le royaume, et sa mère pessimiste, voyant le monde en noir, et également parfois acariâtre, mettant en plus la pression sur sa fille.
Heureusement, la jeune femme pouvait malgré tout sortir s’aérer l’esprit dans les rues pavées du royaume, prendre l’air, retrouver une certaine joie de vivre, mais également voir les quelques connaissances et amis qu’elle pouvait avoir sur place. Cela lui permettait vraiment de voir autre chose que les quatre murs dans lesquels elle se sentait recluse et avoir d’autres liens que ceux tendancieux avec sa mère. C’est ainsi qu’au gré des jours et de ses pérégrinations à parcourir le royaume en long, en large et en travers, la chère demoiselle fit la connaissance d’un cœur tendre, un vrai nounours adorable qui la prit sous son aile et avec qui elle se mit à aimer discuter de tout et de rien, passer du temps avec lui tout simplement.

Les jours et les mois passèrent. La jouvencelle toujours en grande partie prisonnière et sous le courroux de la matriarche continuait de voir avec plaisir son jeune ami dès qu’elle le pouvait. Plusieurs fois, ce dernier lui vint en aide spontanément et sans qu’elle ne lui ait rien demandé, il la sauva en effet de situations fort difficiles pour elle, ce en quoi elle le remerciait grandement à chaque fois. En fait, le jouvenceau était tombé amoureux de la Princesse mais il n’osait pas lui faire part des sentiments qu’il avait pour elle.

Et un beau jour, arriva dans la vie de la demoiselle une grenouille souhaitant se transformer en Prince, il se mit donc à faire la cour à la jouvencelle en vue de l’épouser plus tard. La demoiselle tomba grandement amoureuse de ce messire sans se rendre compte de suite que quelque chose clochait avec lui et qu’il ne se transformerait en fait jamais en Prince même si elle l’épousait. En parallèle de cela, le jouvenceau, ami de la Princesse, faisait la connaissance d’une sorcière déguisée en Princesse, le jouvenceau ne s’aperçut aucunement de la supercherie dont il était victime.
Assez rapidement malgré tout et bien que toujours amoureuse de son messire, la Princesse s’aperçut que quelque chose clochait intimement avec celui qu’elle aimait et elle se mit à penser que le blocage venait d’elle. Elle se mit donc à en parler à diverses connaissances dont l’un d’entre eux lui dit qu’elle n’avait aucun souci à se faire, que ce n’était pas de son côté qu’il y avait un quelconque blocage. Cela rassura la jeune femme qui tâcha donc d’améliorer les choses avec celui qui n’était pourtant pas encore son fiancé.
Vint le jour où le père de la Princesse dut changer de royaume et aller vivre dans d’autres contrées. La jouvencelle qui n'était alors pas encore autonome suivit ses parents dans ce nouvel endroit mais ne rompit pas avec celui qu’elle aimait. Ça ne s’arrangeait pas forcément avec lui cependant mais elle continuait d’en être amoureuse, aveuglée et croyait encore au fait de pouvoir le transformer en prince un jour. Dans le nouvel endroit où elle habitait, la Princesse ne voyait aucunement ses journées s’améliorer avec sa mère continuant d’être très pessimiste, la prison était en effet de moins en moins dorée. Vint enfin le jour où elle franchit le pas d’aller vivre avec celui qu’elle aimait, elle s’installa donc chez lui. Cela faisait désormais quelques mois que la Princesse avait malheureusement perdu tout contact avec son cher jouvenceau si cher à son cœur et dont elle appréciait tant la compagnie.

Ce fut par un jour de décembre que la Princesse devint la fiancée de la grenouille, espérant toujours faire de lui son Prince, voire un Roi, vu qu’elle deviendrait ainsi Reine en l’épousant. Quelques mois passèrent encore puis le jour merveilleux du mariage entre la grenouille et la demoiselle arrivèrent, soit un beau jour du mois de juin. Ce fut une belle fête. On eût pu croire que ce jour-là, la magie avait enfin opéré et que la grenouille s’était transformée en Prince, voire en Roi, mais ce ne fut aucunement le cas. Rien ne changea, mis à part l’arrivée du fruit de leur amour deux ans plus tard environ. Ce petit être devint la joie de la Princesse qui se sentait de plus en plus déchue dans ce substitut de royaume dans lequel elle vivait. Elle continua de voir de temps en temps quelques amis, ce qui lui mettait alors du baume au cœur de façon passagère, lui apportant durant quelques heures ce qu’elle était loin d’avoir au quotidien.

Pour la Princesse désormais bel et bien déchue, il était désormais bel et bien avéré que la grenouille ne se transformerait jamais en Prince et encore moins en Roi. Ce fut alors que par le plus simple des hasards et au détour d’un chemin qu’elle avait emprunté, le jouvenceau de sa jeunesse resurgit dans la vie de la femme qu’elle était devenue. Tous deux avaient la trentaine désormais et même bien plus pour lui, ils n’étaient donc plus des jouvenceaux mais très rapidement, ils se retrouvèrent et là, l’homme marié que lui aussi était devenu, avoua enfin à la Princesse déchue qu’il était amoureux d’elle, qu’il l’avait toujours été même si celle qui était devenue sa femme l’avait aveuglé. Il rajouta que la Princesse qu’il pensait avoir épousé s’était transformée en sorcière et que lui aussi ne vivait pas des jours facile avec elle et qu’il avait une fille. La Princesse déchue tomba à son tour amoureuse de son cher ami et ils vécurent ensemble une courte et passionnante idylle. Mais hélas ! Cela ne dura pas car un dragon surgissant de nulle part ou presque mit fin à cette passion éphémère entre eux deux et ils ne purent plus se voir ni se contacter. Ce fut un déchirement total pour tous les deux.

A la suite de cela, la Princesse se retira dans ce monde qu’elle s’était crée depuis maintenant toutes ces années et même encore plus profondément qu’avant, se renfermant sur elle-même en partie, voyant de temps en temps des amis mais sans plus, parfois de vrais imbéciles.
Le temps passa encore. Cela faisait désormais environ deux ans que « la Princesse » se sentait un peu mieux, ayant fait contre mauvaise fortune bon cœur, quand un jour, elle eut envie de reprendre contact avec cet ami qui avait tant compté pour elle par le passé et qu’au fond d’elle, elle n’avait jamais oublié et encore moins depuis leur courte idylle.
Allait-elle oser le contacter ? Et comment faire pour cela ? Un jour, elle sauta le pas mais hélas, elle croisa sur le chemin la sorcière, celle qui était devenue sa femme à lui. Heureusement, cette dernière ne reconnut pas la Princesse déchue et permit de la mettre en contact avec son mari qui lui, la reconnut de suite. Bien lui en fut car les années qui passèrent, tous deux recommencèrent à discuter, lui restant dans l’ombre comme quinze années auparavant, soutenant toujours « la Princesse ». Elle l’avait mise au courant du quotidien sempirternel et monotone qu'elle vivait  et appris que de son côté à lui, c'était également de pire en pire.

Vint le jour où  "la Princesse" se retrouva carrément au fond du gouffre, n'en pouvant plus de cette situation sans fin mais elle s'était cependant résignée, déterminée à faire désormais contre mauvaise fortune bon cœur et faire avec ce qu’elle avait au quotidien chez elle Plus les jours passaient, plus la Princesse déchue  se sentait plonger dans les abimes de la tristesse et cela sans rien dire à la grenouille qui ne s'était jamais transformée en Prince et qui n'aurait de toute façon rien compris. Son seul vrai confident était cet amis de toujours qu'elle avait retrouvé et avec qui elle communiquait dès qu'elle le pouvait. C'était lui et lui seul qui lui remontait le moral : son ange gardien, d’il y a vingt ans et qu’elle n’avait jamais vraiment oublié. Et étonnée que cela soit le cas, elle lui en fit part, se sentant petit à petit à petit craquer à nouveau pour lui. Ses sentiments pour son « ami » étaient bel et bien là, elle ne voulait plus, ne pouvait plus faire machine arrière, elle l’avait enfin retrouvé et
quand elle le comprit vraiment, elle le lui dit et sa réponse fut « Ma princesse, tu veux
dire que tu repars avec moi ? » Ainsi, elle était à nouveau une Princesse, la sienne,
elle n’était plus déchue. Elle donne donc  son cœur à celui qu’elle aimait tant. Depuis tous deux ne se quittent plus, amoureux fous et passionnés l’un de l’autre. Elle est devenue sa Princesse à part entière et lui est son Troubadour tendre, passionné, romantique, bien que se méfiant du dragon, de la sorcière et de la grenouille.